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Du bout de mes doigts de pied, tout d'abord.
Je frissonne.
Mon pied tout entier s'y plonge.
Puis, mes deux jambes se retrouvent immergées sous la mousse.
Je souris.
De petites vaguelettes me chatouillent les mollets.
Je me couche sur le dos et finis par disparaître sous les flots.
Ici, plus rien n'existe.
Les sons alentours ne sont plus que vibrations ;
Bruits sourds se perdant dans les bulles.
Je voudrais créer un monde ici-bas, vivre dans une demie-conscience,
Mettre à flot les martèlements des pensées trop envahissantes.
Mes cheveux dansent autour de ma tête.
D'un noir charbonneux, ils semblent légers ;
Comme ondulant dans un vent lent ;
Un souffle chaud et tranquille.
Du bout des doigts, j’effleure une mèche.
Fils de soie précieuse, tant que l'eau la traverse.
Mais deviendra crinière imposante, une fois la dernière goutte envolée.
Je ferme les yeux un instant, m'imagine sirène parmi le royaume des poissons.
Le monde que je redécouvre ensuite me semble si petit.
Maison d'ivoire blanche bien ridicule pour mon océan palpitant.
Déjà trente minutes.
La pulpe de mes doigts, auparavant bombée, ferme, est maintenant sillonnée, rabougrie.
Comme un avant-goût de mon de mon corps futur ;
Lourd et ridé.
Je décide qu'il est temps.
Déçue de quitter mon cocon chaud et mouillé, je sors.
Comme un enfant quittant sa mère, je redécouvre le monde.
Me revoilà dans le bruit et la fraîcheur, frisson de l'extérieur.