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  • Photo du rédacteurLydie

Petits cubes noirs

Dernière mise à jour : 12 janv. 2019



Petits cubes noirs


Je me poste face à mon ordinateur.

Les touches noires du clavier m’obsèdent.

Un scintillement inutile, ce son qui rappelle bien trop celui d'une machine à écrire, comme des milliers de marteaux insolents qui me poussent à baisser la tête, laissant l'écran vide, avec, pour seul compagnon, un curseur indécis.

Pour une fois, mon regard se plonge sur cette plaque poussiéreuse.

Elle m'effraie.

Lit de mots nouveaux que je brûle de connaître ou simple condamnation du stylo, de la plume ou du crayon;

Les alliés du dactylographe revêche.

Elle est le dur interprète que je ne peux me résoudre à empoigner.

Les mots sont une douceur de l'âme lorsque effleurés par la bouche, ils ne sauraient mieux s'épanouir que dans la pensée mais les doigts sont des traîtres ;

Ils glissent et se perdent sur une lettre, bondissent de phrases en phrases.

Agissant comme les petits soldats de la pensée, reproduisant ses mouvements, mécaniquement.

Les doigts sont les censeurs du cœur ;

Le souffle des émotions ne peut se promener sur un clavier.

J'ai peur.

Ces petits cubes noirs auront eu raison de mon enthousiasme.

La page virtuelle reste vide.

Une boule froide me ronge de l'intérieur.

Elle grandit, se propage.

La boule devient un amas épais, puant, qui se répand jusque dans mon cœur.

Le curseur devra se faire une raison, il finira sa copie seul.

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